La guerre des polices n'a pas eu lieu : Gendarmes et policiers, coacteurs de la sécurité publique sous la Troisième République (1870-1914), par Laurent Lopez, préface de Jean-Claude Farcy, Editions Presses Universitaires Paris-Sorbonne, juillet 2014, 500 pages.

Après des années de recherches approfondies (véritable "travail de bénédictin") et une thèse consacrée au sujet, l'historien Laurent Lopez l'affirme dans ce livre : l'étude des rapports entre les polices (police spéciale, polices municipales, brigades régionales de police mobile -les fameuses "brigades du Tigre" créées en 1907,...) et la gendarmerie dans les premières décennies de la Troisième République contredit l'image d'une guerre des polices.

Dans les faits,  gendarmes et policiers sont plus étroitement et structurellement complémentaires qu'on ne l'imagine. Leurs accords officiels ou leurs arrangements officieux organisent un véritable partage de la sécurité publique. Et si, parfois, ici et là des incidents (qui font souvent couler beaucoup d'encre) surviennent, ils ne sont nullement représentatifs de l'état d'esprit général et des relations entre ces forces de sécurité très présentes en matière de maintien de l'ordre et d'enquête de police judiciaire sur tout le territoire.

C'est ce que démontre l'auteur en retraçant à tous les niveaux (local, cantonal, départemental, national et même européen) les relations complexes entre gendarmerie et police,  de même qu'en s'attachant à les illustrer au travers de grandes affaires criminelles retentissantes, comme celle de Joseph Vacher, le "tueur de bergers et de bergères", ou la traque de la bande à Bonnot en 1912.