Dans cette rubrique "Chronique de lecture", un membre de l'Association nous fait partager sa découverte d'un auteur ou l'intérêt qu'il a pris à à dévorer tel ou tel ouvrage. Toujours en rapport direct (ou indirect... mais on ne boude jamais son plaisir, pas vrai) avec l'histoire de la police.

Connaissez vous Célestin Louise?

Une chronique de Christian Soleilhac

 

 

 

Connaissez-vous Célestin LOUISE ? jeune et brillant inspecteur de la police parisienne que son créateur, le romancier et scénariste Thierry BOURCY, a eu le génie de propulser dans l’horreur absolue de la première guerre mondiale. Car il s’agit bien de cela, au départ ; d’une époque extraordinaire, apocalyptique, d’un univers bousculé par la folie meurtrière des hommes, d’un monde ravagé, mitraillé, explosé, déchiqueté, fusillé, gazé, découpé en rondelles de boue noire par une sauvagerie que certains qualifiaient benoîtement, dans les salons qui ne sentaient guère que la poudre… de riz, de « guerre moderne ».

C’est donc avec une précision d’horloger que Thierry BOURCY, en historien respectueux du genre, fait évoluer son attachant personnage au gré des enquêtes policières qui lui sont confiées sur le front. Un curieux flic en bleu horizon, voilà quelque chose de peu banal et c’est là qu’intervient tout le talent de l’écrivain : celui de nous plonger sans ménagement au cœur des tranchées mais aussi au sein de cette société que le début du XXeme siècle rendait aussi charmante que monstrueuse.

Que ce soit dans « La côte 512 », « L’arme secrète de Louis Renault », « Le château d’Amberville », « Les traîtres », « Le gendarme scalpé », Célestin LOUISE, de par sa condition de « cogne » des faubourgs de Paname, se voit à chaque fois missionné pour résoudre des affaires criminelles tout à fait passionnantes.

             Multiples rebondissements, coups fourrés, chausse-trappes, aventures haletantes et dangereuses où l’amour voisine aussi avec la guerre, rien n’est épargné à notre perspicace et courageux poilu.

Assisté d’un voleur à la petite semaine qu’il a naguère bien connu, engagé et versé lui aussi au 134eme régiment d’infanterie, mais pour des raisons certes moins patriotiques, Célestin LOUISE se débat au milieu de l’enfer. Ce qui apparaît alors étonnant, voire paradoxal, c’est l’acharnement que met notre opiniâtre limier à confondre quelques assassins, et ce, dans un décor où les morts sont légions. Etonnant vous-dis-je !

            C’est grâce à cette originale approche du roman policier que Thierry BOURCY, dont le style fait merveille, fourrage avec succès notre intérêt et point n’est besoin pour cela, comme votre serviteur, et à l’instar de BRASSENS, de préférer la guerre de 14/18.

            Mais il est temps d’achever là mon propos, j’entends le canon gronder, hum ! on dirait que l’ennemi prépare son offensive. Vite, mettons notre casque Adrian, vérifions que nos bandes molletières sont bien serrées, bichonnons notre baïonnette réglementaire dont chacun sait, sauf les pessimistes, ah ! les sots !, qu’elle fait merveille pour charger face aux mitrailleuses.

La Grande Guerre : 1 million et demi de français tués au combat et ….quelques autres trépassés, ceux que je vous conseille ardemment de découvrir en compagnie de Célestin LOUISE, un héros ordinaire parmi des centaines de milliers d’autres : ceux qui fleurissent, glorieux moustachus, sur les photos couleur sépia que chaque famille de France conserve religieusement.