LENOIR (Jean Charles Pierre)

Lieutenant général de police de Paris

Né le 10 décembre 1732 à Paris. Mort le 17 novembre 1807 à Crosne (dans l'actuel département de l'Essonne). Avocat au Parlement. Conseiller au Châtelet (1752). Lieutenant particulier (1754). Lieutenant criminel (1759). Maître des requêtes (1765). Aurait été intendant de Limoges. Reprend la charge de lieutenant général de police de Paris après Sartine le 30 août 1774. Quitte cette charge en mai 1775 pour devenir conseiller d'Etat. Ce départ rapide serait dû à "quelques désagréments qu'il éprouve de la part du baron de Breteuil, ministre de la Maison du Roi". "Il paie d'une courte disgrâce son désaccord avec le libéralisme économique de Turgot. Reprend la charge de lieutenant général de police le 19 juin 1776. Il est lié d'amitié avec M. de Calonne, contrôleur général des Finances, qui le consulte sur les matières relatives aux approvisionnements, à la police des graines et à l'administration financière de Paris. "La police de Paris reçoit un nouvel éclat sous son administration". Tous les établissements concernant l'approvisionnement, la bonne tenue des halles et des marchés, la salubrité, l'arrosement, l'éclairage, les incendies, les secours publics lui doivent de nombreuses améliorations. Le Mont-de-Piété lui doit son existence. "Il emploie la répression contre la mendicité, la prostitution, les maisons de jeux avec la mesure convenant au temps et aux circonstances".

Sous sa lieutenance générale, la Halle aux blés est achevée le 11 septembre 1783. "Bon administrateur". Abandonne définitivement la charge de lieutenant général de police de Paris en août 1785. Devient Bibliothécaire du Roi (1785-1790). Directeur de la Bibliothèque Royale. Président de la Commission des Finances (1787).

N'adopte pas les principes de la Révolution et passe à l'étranger en 1792. Vit longtemps en Suisse puis à Vienne. Il rentre en France après l'installation du gouvernement consulaire et se retire à la campagne dans les environs de Paris où il vit d'une pension de 4000 francs que lui fait le Mont-de-Piété en tant que fondateur de l'établissement. Il fait savoir au préfet de police Dubois, sans succès, qu'il reste actif et cherche un emploi. Après sa mort, en 1807, la Gazette de France écrit qu'il " avait reçu de la nature une physionomie spirituelle, ouverte et pleine de douceur. C'était la parfaite image de son organisation". A épousé une Mademoiselle de Montmorency-Laval qui se mariera, devenue veuve, à M. de Plaisance. Une chanson révolutionnaire de 1791 (9 couplets à chanter sur l'air du Vaudeville de Figaro) le prend comme cible : "Voyez cet amas de cuistres/Prêtres, moines et prélats/Procureurs, juges, ministres/Médecins et magistrats/Leurs uniformes sinistres/Leur tiennent lieu de savoir/Que d'ânes couvre Le Noir... (bis). J'aimerais la politique/Les talents et la vertu/Et je voudrais qu'on s'applique/A réprimer les abus/Enfin en place publique/Aux flambeaux par un beau soir/Je ferais brûler Le Noir... (bis). 


Portraits : Buste à l'antique de Jean-Antoine Houdon (1786) et toile attribuée à Jean-Baptiste Greuze.


Sources : Archives de la préfecture de police E A 16


Bibilographie (ouvrages où il est cité) et extrait  :


- AUBOUIN (Michel), TEYSSIER (Arnaud) et TULARD (Jean), ouvrage collectif  sous la direction de - Histoire et dictionnaire de la police, du Moyen-Age à nos jours, Paris, Robert Laffont, 2005, page 738, notice biographique signée Arlette Lebigre : "Quand en 1777 l'empereur Léopold II, de passage en France, le prie de faire rechercher un malfaiteur que la justice et la police autrichiennes croient réfugié à Paris, il lui fournit en un temps record l'adresse exacte de l'individu qui, en réalité, était resté caché à Vienne."

- BUISSON (Henry) - La police. Son histoire. Vichy, Imprimerie Wallon/Paris, Nouvelles éditions latines, 1950. 

- CHEVALLIER (Pierre) - Les philosophes et le lieutenant de Police J. Ch. Pierre Le Noir (1775-1785), Troyes, 1964.

- RAISSON (Horace) - Histoire de la police de Paris, Paris 1844.

- RAMPELBERG René-Marie, Le Ministre de la Maison du Roi (1783-1788), baron de Breteuil, Paris, Economica, 1975.

- SARS (Maxime, comte de) - Le Noir, lieutenant de police 1732-1807, Paris, Hachette, 1948

- SUARD (Jean-Baptiste) - Apologie de messire J.C.P. Le Noir, chevalier, conseiller d'Etat, ancien commissaire du Roi dans l'affaire La Chalotais, etc., Paris, 1789.