REAL (Pierre, François - comte)

Préfet de police

Né le 18 mars 1757 à Chatou, près de Paris. Mort le 7 mai 1834. Père : François Prix Real ; mère : Marie Rachel Bouchage. Élève de Saint-Barbe. Procureur au Châtelet en 1789. Orateur de la Société des Amis de la Constitution. Ami de Danton, est nommé accusateur public près le tribunal criminel extraordinaire (17 août 1792). Contribue à la défaite des Girondins (31 mai 1793) et devient l'un des organisateurs des expéditions en Vendée. Devenu suspect après la chute de Danton, est emprisonné au Luxembourg pour n'en sortir qu'après le 9 Thermidor. Fonde le Journal des Patriotes de 1789. Nommé historiographe de la République sous le Directoire. Le ressentiment que lui manifeste le ministre de la Justice Merlin de Douai l'empêche d'entrer au Corps Législatif aux élections de l'an VI (1798). Directeur près le département de la Seine après la crise du 19 juin 1799. Et, avec Fouché, l'un des principaux artisans du 18 Brumaire. Après quoi, il est nommé au Conseil d'Etat (section Justice). Est chargé en 1804 de l'instruction de l'affaire de Georges et de Pichegru. Reçoit en récompense l'une des quatre places de Conseiller d'Etat se rattachant au ministère de la Police Générale. Conseiller d'Etat à vie (3 germinal an XIII) chargé du 1er arrondissement de la Police Générale en service ordinaire - section de Législation -. Fait comte d'Empire en 1808. "C'est un des types les plus curieux de ces républicains qui se convertirent au césarisme et devinrent comtes d'Empire" (Personnel municipal de Paris pendant la Révolution, par Robeynet). Nommé préfet de police par Napoléon durant les Cent Jours (20 mars 1815). Au retour de Louis XVIII, prend la fuite à l'étranger, aux Pays-Bas, puis aux États-Unis d'Amérique où il établit une fabrique de distillation de liqueurs. Une ordonnance de 1818 le rappelle en France avec 18 autres exilés. Offre ses services au gouvernement provisoire lors de la Révolution de Juillet 1830. 

Auteur : Essai sur les journées des treize et quatorze Vendémiaire, Paris, 1795, in 8° - Indiscrétions : souvenirs anecdotiques et politiques tirés du portefeuille d'un fonctionnaire de l'Empire ( mis en ordre par Musnier-Desclozeaux), Paris, 1835, deux volumes in 8°.

Portrait : Archives de la préfecture de police

Sources : Archives de la préfecture de police E A/ 19 VI

Ouvrages (dans lesquels il est cité) et extraits :    

- AUBOUIN (Michel, TEYSSIER (Arnaud) et TULARD (Jean) - Histoire et dictionnaire de la police - Du Moyen-Age à nos jours - Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 2005, notice signée Jean Tulard, p. 843-844 : "Fils d'un garde-chasse de Chatou, il parvient à devenir procureur au Châtelet. Sous la Révolution, il se fait remarquer au club des Jacobins, puis à l'Hôtel de Ville où il devient premier substitut du procureur syndic Chaumette, le second étant Hébert."

- STENGER (Alain) - "Les Hommes du Consulat : Real" in Revue de la France moderne, juillet 1903, pages 73-79 : "Lorsqu'il revient en France [sous la Seconde Restauration], il était tout à fait oublié et sa vie s'écoula presque dans la misère. A Paris, le long des quais, on apercevait, de temps à autre, un vieillard mélancolique et de piètre apparence, suivant les boîtes des étalagistes, pour y découvrir des pamphlets ou des brochures sur la Révolution. C'était Réal."  

- BIGARD (Louis) - Le Comte Réal, ancien jacobin. De la Commune révolutionnaire de Paris à la police générale de l'Empire, Versailles, 1937, grand in 8°, 209 pages avec illustrations. 

- CASTANIE (François) - Les indiscrétions d'un préfet de police sous Napoléon Ier, Paris, 1911, in 16°.

- FOUCHE (Joseph, duc d'Otrante) - Mémoires, Paris, 1824, deux volumes, in 8°.

- EULOGE (Georges-André) - Histoire de la police - Des origines à 1940, Paris, Plon, 1985, page 136.