CAUSSIDIERE (Marc)

Délégué de la République au département de police,

préfet de police

Né le 18 mai 1808 à Lyon (Rhône) dans une famille d'artisans. Mort à Paris, rue de Vaugirard, le 27 janvier 1861. Marié à Caroline Dutertre. Travaille très tôt dans des fabriques (notamment de soieries) de Lyon et de Saint-Etienne. Républicain convaincu, il prend une part active dans l'insurrection lyonnaise d'avril 1834. Il est condamné à 20 ans d'emprisonnement par la cour des Pairs et détenu dans la prison du Mont-Saint-Michel. Echec d'une tentative d'évasion. Amnistié en 1837, il se lance dans le courtage des vins et eaux-de-vie, devient dans le même temps un propagateur du journal d'opposition La Réforme pour le compte duquel il recherche des abonnés et des actionnaires.  Conspirateur impénitent, d'une éloquence "naturelle et pittoresque", ayant "beaucoup de finesse et de bonhomie", il est du nombre des combattants lors des journées insurrectionnelles de février 1848.

Avec Joseph Sobrier, il s'empare le 24 février des locaux de la préfecture de police, rue de Jérusalem, et se proclame délégué de la République au département de police. Le gouvernement provisoire le confirme lui seul dans ces fonctions le 28 février 1848 et le nomme préfet de police le 17 mars 1848. A ce poste, il remplace les sergents de ville par les gardiens de Paris et crée "pour la garde de la préfecture le corps des "Montagnards" composé de quatre compagnies rassemblant d'anciens membres des sociétés secrètes, d'anciens prisonniers politiques et des révolutionnaires résolus". Ils sont vêtus d'un uniforme original : blouse bleue, ceinture et cravate rouges.

Elu du département de la Seine à l'Assemblée Constituante (23 avril 1848) tout en demeurant préfet de police, il reste dans une expectative suspecte lors de la journée insurrectionnelle (envahissement du Palais-Bourbon et de ministères) du 15 mai 1848 et se voit bientôt accusé d'en être le complice. Démis de ses fonctions de préfet de police, démissionnaire de son mandat de député, il  se fait toutefois réélire représentant du département de la Seine lors de l'élection complémentaire du 4 juin 1848 par une forte majorité (147 400 voix pour 248 400 inscrits). Il reprend place à la Montagne, vote le 28 juillet contre le décret sur les clubs et le 9 août contre le rétablissement du cautionnement. Monte à la tribune pour se défendre contre les accusations portées contre lui, mais l'Assemblée ayant autorisé les poursuites à son encontre vu le réquisitoire du procureur général lui attribuant la responsabilité des évènements du 15 mai, il prend la fuite et se réfugie à Londres, puis aux Etats-Unis où il reprend ses activités de courtage en liquides. La Haute Cour de Justice de Bourges le condamne par contumaceà la déportation pour son implication dans la journée révolutionnaire du 15 mai 1848. Il écrit et publie ses Mémoires et ne revient à Paris qu'après l'amnistie de 1859, avant de décéder en janvier 1861.

Auteur :

- (en collaboration avec Théophile Thoré) - Mémoires de Caussidière, ex-préfet de police et représentant du peuple, Paris, éditeur Michel Lévy frères, 1849.

- "Proclamation de Caussidière, délégué de la République au département de police, au sujet de la démission de Sobrier, 28 février 1848", Paris, imprimerie de Boucquin, 1848.

- "Proclamation de Caussidière, délégué de la République au département de police, relative aux marchands d'habillements et de confections militaires, 3 mars 1848", Paris, imprimerie de Boucquin, 1848.

Source : Archives de la préfecture de police E/A 21

Portrait : Archives de la préfecture de police

Bibliographie :

- EULOGE (Georges-André) – Histoire de la police, des origines à 1940, Paris, Plon, 1985, p. 187-189 : "Grâce à la complicité de ses Montagnards, Caussidière, surnommé "le préfet rouge", eut toute facilité pour fomenter des émeutes".

- AUBOUIN (Michel), TEYSSIER (Arnaud) et TULARD (Jean) - sous la direction de – Histoire et dictionnaire de la police, du Moyen-Âge à nos jours, Paris, Editions Robert Laffont, collection Bouquins, 2005, p. 332-334.

- LE CLERE (Marcel) - Notice biographique "Marc Caussidière" dans l'ouvrage précité, p. 602-603.

- ROBERT (Adolphe), BOURLOTON (Edgar) et COUGNY (Gaston) - sous la direction de – Dictionnaire des parlementaires français du 1er mai 1789 au 1er mai 1889, Paris, Bourloton éditeur, 1889-1891.