A 42 ans, avec son "grand air de gravité",  La Reynie (portrait ci-contre) a déjà une solide expérience du droit et des hommes. Avocat de formation, il est à peine âgé de 21 ans que le voilà déjà président au présidial de Guyenne. Resté fidèle au jeune roi Louis XIV durant la Fronde et menacé en conséquence, il quitte Bordeaux et devient l'intendant  du duc d'Epernon.

En 1661, il entre au Conseil d’État du roi en prenant une charge de maître des requêtes. En 1665, il est choisi pour participer aux travaux d'une commission chargée de la réformation de la Justice sous l'égide de Colbert, dans le prolongement du trouble créé en août 1665 dans l'opinion publique par le double assassinat (les victimes sont le lieutenant criminel Tardieu et sa femme) commis en plein Paris et en pleine journée par deux malandrins.

En 1667, La Reynie prend la nouvelle charge de lieutenant de police. Il va l'occuper pendant trente ans et gagner la considération du plus grand nombre.  Même le duc de Saint-Simon, à la plume en général plutôt féroce, verra en lui : "un homme d'une grande vertu et d'une grande capacité qui, dans une place qu'il avait pour ainsi dire créée, devait s'attirer la haine publique et s'acquit pourtant l'estime universelle."

Homme de dossiers mais aussi homme de terrain, La Reynie veille au nettoyage et à l'éclairage des rues de Paris (2736 lanternes contenant des chandelles de suif sont disposées tous les vingt pas), contrôle l'hygiène des marchés, inspecte les égouts "vêtu de la robe noire du magistrat, rabat de dentelle et souliers à boucle d'argent sur bas de soie". Assisté par des commissaires placés dans les 17 quartiers de la capitale, il fait la chasse aux détrousseurs et escrocs de tous acabits.

En 1668, à la tête d'une troupe de 150 soldats du guet, un demi-escadron de la maréchaussée, un commissaire et dix exempts (des sortes d'officiers de police agissant le plus souvent en civil), il fait évacuer  la dernière cour des Miracles restant dans Paris, près de la Porte Saint-Martin (à l'emplacement de l'actuel passage Sainte-Foy, des passages et place du Caire et de la rue du Nil).

La Reynie jouera un rôle majeur dans l'enquête, l'instruction mais aussi le procès de l'affaire des Poisons, un dossier criminel où le premier rôle est tenu par la Veuve Mauvoisin, fournisseuse d'une "poudre de succession" recherchée dans tous les milieux y compris dans l'entourage royal.  


En 1697, vaincu  par l'âge et la fatigue, Gabriel Nicolas de La Reynie quitte sa lourde charge de lieutenant général de police. Plus d'une dizaine de lieutenants généraux de police lui succèderont dans la fonction, jusqu'au dernier, Louis Thiroux de Crosne, convaincu sous la Terreur de complots et de conspirations contre le peuple français, et guillotiné le 28 avril 1794.


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IL Y A ... 30 ANS :

Dans le prolongement de la loi Joxe de modernisation de la police nationale d'août 1985, un décret n° 87-249 du 8 avril 1987 autorise la création d'un Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) "en vue de faciliter la recherche et l'identification, par les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale, des auteurs de crimes et délits et de faciliter la poursuite, l'instruction et le jugement des affaires dont l'autorité judiciaire est saisie". Placé sous le contrôle du procureur général de Paris, ce système est géré par le service central d'identité judiciaire (sous-direction de la police technique et scientifique) que dirige le commissaire Jean-Claude Caillou. Sa base centrale (voir photo ci-dessous) est installée dans un immeuble du 26 rue Cambacérès à Paris 8ème. Elle a été depuis transférée à Ecully (Rhône) d'où elle gère les données dactylaires et palmaires de plus de 5 millions d'individus mis en cause pour crime ou délit.

Commune à la police et à la gendarmerie (outre la plate-forme centrale d'Ecully et ses sites régionaux, une base FAED est installée à la préfecture de police et une autre au siège du Pôle Judiciaire de la gendarmerie nationale à Pontoise), cette application va notamment aboutir à l'identification en août 1995 du terroriste Khaled Kelkal grâce à ses empreintes digitales relevées sur une bombe n'ayant pas explosé et qu'il avait placée sur la ligne TGV Paris-Lyon en vue de commettre un attentat.

Modernisé en 2010 (il est passé alors en  version MétaMorpho, intégrant les recherches sur traces palmaires), le FAED (grâce à ses spécialistes appelés les "traceurs") a permis d'identifier plus de 33 000 traces en 2014.

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IL Y A ... 100 ANS :

Le 13 février 1917 au matin, l'espionne Mata-Hari (voir photo ci-contre) est arrêtée au Plaza Palace Hôtel à Paris par un groupe d'enquête que dirige le commissaire de police Albert Priolet, chargé depuis octobre 1915 de l'une des sections de répression de l'espionnage, après avoir été nommé commissaire spécial du camp retranché de Paris.

Ressortissante néerlandaise âgée de 41 ans, Mata-Hari (de son vrai nom Marguerite Zelle), s'est fait connaître à travers  toute l'Europe par des spectacles  de danseuse exotique (et érotique) avant d'entrer dans le jeu dangereux (et compliqué) de l'espionnage au profit de l'Allemagne.

Condamnée à mort pour intelligence avec l'ennemi en temps de guerre sur réquisitoire de l'avocat général André Mornet, elle est fusillée le 15 octobre 1917 dans le polygone de tir de Vincennes par un peloton d'exécution composé de douze chasseurs à pied.

Le commissaire Albert Priolet va poursuivre après-guerre une brillante carrière. Il est nommé en juin 1938 inspecteur général des services, l'un des postes les plus prestigieux de la préfecture de police de Paris.

Placé à la retraite dès 1941 par l'administration vichyste, il est arrêté et déporté en Allemagne avant d'y être exécuté en août 1942. Selon le témoignage de l'un de ses compagnons de détention, son rôle dans l'affaire Mata-Hari serait à l'origine du sort funeste que lui ont réservé les occupants nazis.



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IL Y A ... 80 ANS :

Dans un contexte où l'information politique prend une part accrue (émeutes de 1934, avènement du Front Populaire, menaces de complots contre la République...), un décret du 28 avril 1937 transforme le Contrôle général des services de police administrative en direction des Renseignements généraux.

Un décret du même jour nomme Jacques Chevreux (préfet de 1ère classe), directeur de 1ère classe chargé des services des Renseignements généraux et de la Police administrative. Il fait fonction de directeur général adjoint de la Sûreté nationale.


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IL Y A ... 50 ANS :

Un décret du 19 mars 1967 porte création d'un éphémère secrétariat général pour la police qui se voit confier plusieurs directions et services du ministère de l'Intérieur relevant jusque-là de la direction générale de la sûreté nationale comme la direction du personnel et du matériel, le service de coopération technique international de police, le service central d'identification, le service des voyages officiels et de la sécurité des hautes personnalités ou encore l'inspection générale des services et des écoles de police.

Le secrétaire général placé à la tête de cette nouvelle structure est chargé (par un décret du 28 décembre 1966) d'assister "le ministre de l'Intérieur pour la direction et l'administration de l'ensemble des services de police (art. 2) et de régler les questions d'ordre administratif touchant le fonctionnement des services de police et celles concernant les moyens mis à la disposition de ces services (art. 3).

Deux ans plus tard, en septembre 1969, ce secrétariat général qui traduit surtout le tâtonnement des pouvoirs publics dans  leur volonté d'émergence d'une police moderne, disparaît en même temps que la Sûreté nationale pour laisser placer à l'actuelle direction générale de la police nationale.

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IL Y A ... 40 ANS :

Naissance du service central des compagnies républicaines de sécurité par un décret n° 77-1470 du 28 décembre 1977 qui constitue le véritable acte de fondation des CRS dans la conception moderne de leur emploi et de leur rôle.

Dépendant jusque-là de la direction centrale de la sécurité publique dont il a été pendant un temps une sous-direction, le commandement des CRS, désormais directement placé sous l'autorité du directeur général de la police nationale, gagne en autonomie en devenant un service actif de la police nationale à part entière.

"Réserve générale" de la police, les CRS qui ne peuvent être déplacées ou employées que sur l'ordre du ministre de l'Intérieur (art. 4) ont principalement pour missions, de "concourir au maintien de l'ordre public et à la protection des personnes et des biens", d'assumer "des missions propres de surveillance, notamment sur les voies de communications"

Le nouveau service central des CRS va être doté d'un état-major, d'un bureau de coordination, d'une inspection technique et de deux divisions notamment chargées de la formation et de l'entraînement des personnels ainsi que des études et liaisons.

Au rythme des alternances politiques, ce service central revient au sein de la direction centrale de la sécurité publique en 1981, regagne son autonomie en mars 1986, avant d'être finalement érigé en direction centrale des CRS par un décret du 3 octobre 2003.


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IL Y A ... 30 ANS.. AUSSI :

Dans la soirée du 21 février 1987, le noyau dur du groupe terroriste "Action Directe"  - constitué par Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani - est arrêté dans une ferme du Loiret, à Vitry-aux-Loges, par le RAID, l'unité d'élite d'intervention de la police nationale dirigée depuis sa création, moins de deux ans plus tôt, par le commissaire divisionnaire Ange Mancini.

Découvrez un article inédit : Quand le Raid se cherchait un emblème.

 

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IL Y A ... 25 ANS :

- Dans le cadre du programme gouvernemental de "départementalisation de la police nationale", un décret du 20 février 1992 porte création à la direction générale de la police nationale d'une direction centrale de la police territoriale confiée au préfet Jean-Pierre Lacroix. Ce texte supprime la direction centrale des polices urbaines et la direction centrale des renseignements généraux qui deviennent des services centraux relevant de la nouvelle direction créée.

   

- Le 7 juillet 1992, le nouveau logo de la direction centrale de la police judiciaire créé par le peintre Raymond Moretti (à droite sur la photographie ci-contre, au côté du directeur central Jacques Genthial) est inauguré. Symbolisant modernité et tradition, il représente les profils stylisés d'un tigre sur fond noir et de Georges Clemenceau (fondateur des "brigades du Tigre", ancêtres des services PJ d'aujourd'hui) sur fond blanc.

 

- Un arrêté ministériel du 23 décembre 1992 crée auprès du directeur général de la police nationale une Unité de coordination et de recherches anti-mafia (UCRAM) dans le prolongement de l'attentat à l'explosif qui, en mai 1992, a coûté la vie au juge italien Giovanni Falcone sur une autoroute près de Palerme.

- Une "mission pour la lutte contre l'usage et le trafic des stupéfiants" est installée, en mars 1992, par le ministre de l'Intérieur Paul Quilès auprès du directeur général de la police nationale. Confiée au préfet Robert Broussard, elle prendra par la suite l'intitulé de MILAD pour Mission de lutte anti-drogue.

 

 

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