L'ordonnance du 7 mars 1945 reprend intégralement ce décret fondateur et lui apporte une plus solide assise juridique. Dans son prolongement, une loi du 27 décembre 1947 réorganise le dispositif et un décret du 26 mars 1948 vient donner un véritable statut (le premier du genre pour la Sûreté nationale) aux CRS.

L'article 1er de ce décret rappelle que les compagnies sont placées sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, qu'elles font partie des services extérieurs de la Sûreté nationale et qu'elles "constituent les réserves générales de la police de Sécurité Publique ". Elles ne peuvent être employées que sur ordre du ministre ou d'un IGAME (inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire). 

 

 

En 1948, il se compte 54 compagnies (avec chacune 5 officiers, 210 gradés et gardiens) relevant de 9 groupements, eux-mêmes chapeautés par un état-major à la tête duquel vont s'illustrer des chefs de police comme Lucien Gauthier, Henri Mir, Roger Gros ou Robert Pinaud

Ces unités sont à l'époque la première affectation obligatoire pour les gardiens de la paix débutants. De quoi s'initier à l'usage du bâton de défense, du mousqueton, du casque et du bouclier... De quoi aussi traverser de difficiles épreuves, dont notamment les évènements de mai 1968, à Paris et ailleurs (photographie ci-contre Archives du ministère de l'Intérieur). 

Par un décret du 28 décembre 1977, un service central des CRS est créé au sein de la direction générale de la police nationale. Ne relevant plus de la Sécurité Publique, il rassemble alors plus de 60 compagnies pour un total de près de 15 600 hommes. En octobre 2003, ce service devient une direction centrale des compagnies républicaines de sécurité. Une directrice centrale, Mme Pascale DUBOIS, est à sa tête depuis juillet 2020.

 

 

 

 



IL Y A ... 110 ANS : Le Prince Albert Ier accueille à Monaco, du 14 au 20 avril 1914, le premier Congrès international de police judiciaire rassemblant des "représentants de presque toutes les polices du monde civilisé" (dixit Lucien Mouquin, l'un des représentants français). Il va jeter les bases d'une future coopération internationale de police entre les Etats qui verra le jour après la Première Guerre mondiale quand est créée (et installée à Vienne), le 7 septembre 1923, la Commission internationale de police criminelle (C.I.P.C.) qui deviendra le 13 juin 1956 l'Organisation internationale de police criminelle (O.I.P.C.) INTERPOL

 

Le siège d'Interpol (organisme aujourd'hui présidé par Ahmed Naser Al-Raisi, inspecteur général du ministère de l'Intérieur des Emirats arabes unis) s'installe à Saint-Cloud, en banlieue parisienne, à partir de 1966. Il y a 35 ans, il déménage pour rejoindre de nouveaux locaux à Lyon ("un immense cube de verre et de granit de dix étages au cœur de la Cité internationale"). L'inauguration a lieu le 27 novembre 1989 en la présence du président de la République François Mitterrand  (photographie ci-contre) qui soulignera que face au crime, à la drogue et au blanchiment, "chaque Etat a un devoir, un rôle à jouer si nous ne voulons pas endosser collectivement la responsabilité de ce que j'appellerai un échec de civilisation."     

  


IL Y A ... 110 ANS AUSSI : La première véritable école de police ouvre à Paris.

Le préfet de police Célestin Hennion (déjà fondateur des brigades du Tigre en 1907 et de la direction PJ parisienne en 1913) inaugure le 25 mai 1914 l'Ecole pratique professionnelle des services actifs de la préfecture de police où recevront désormais une formation initiale les gardiens et inspecteurs nouvellement recrutés.

 Attaché à l'amélioration des compétences et de l'image des policiers (voir caricature ci-contre archives PP), Hennion disait déjà quelques années plus tôt (en 1906), devant Clemenceau : "On semble trouver naturel [...] de jeter d'emblée dans les fonctions de police qui touchent à tous les intérêts matériels et moraux du pays, des hommes jeunes dont le cerveau et la conscience n'ont été scrutés que par un examen puéril, permettant à peine de se rendre compte de leurs connaissances premières. [...] C'est pourquoi l'institution d'une école de police s'impose. [...] Il est vraiment étrange qu'à l'aube du XXème siècle, après trente-cinq ans de République, nous en soyons encore à réclamer l'établissement d'un enseignement théorique et pratique à l'usage d'hommes qui se destinent à une profession dont la complexité n'a point d'égale."

  

 


IL Y A ... 110 ANS TOUJOURS : La Grande Guerre commence

Le soir du 31 juillet 1914, le député Jean Jaurès est assassiné au café du Croissant à Paris par un exalté étudiant aux Beaux-Arts nommé Raoul Villain qui est aussitôt arrêté par un gardien de la paix en patrouille, l'agent Georges Marty. Le lendemain, la mobilisation générale est décrétée. Le 3 août, l'Allemagne de Guillaume II déclare la guerre à la France et ses troupes pénètrent en Belgique. Une guerre de mouvement des plus meurtrières débute, ponctuée par des défaites et par la contre-offensive victorieuse de la Marne en septembre. En novembre, le front se stabilise peu à peu et commence bientôt pour les combattants une guerre des tranchées longue et effroyable.

Beaucoup de policiers mobilisés, devenus officiers, sous-officiers ou soldats, vont être engagés dans ces combats et y perdront la vie, leur nom allant rejoindre ceux de centaines de milliers de leurs compatriotes sur les monuments aux morts du pays (voir à cet égard la haute stèle dressée à l'entrée sud de la caserne de la Cité à Paris). D'autres policiers assurent des missions de défense territoriale ou entrent au service du contre-espionnage. 

 


IL Y A ... 90 ANS  : Création de la Direction générale de la sûreté nationale

Dans le prolongement de l'affaire Stavisky (un escroc trop bien introduit dans beaucoup de milieux et au suicide suspect) et de l'émeute parisienne du 6 février 1934 qui ont ébranlé la Troisième République et mis à mal à divers titres l'image de son institution policière, un décret-loi du 28 avril 1934 porte création d'une direction générale de la sûreté nationale en lieu et place de l'ancienne direction de la sûreté générale installée rue des Saussaies (voir dessin ci-contre extrait du Petit Parisien) et couvrant toute la France à l'exception du département de la Seine. Le premier directeur général en sera le préfet Jean Berthoin, dernier directeur de l'ex-sûreté générale.

La DGSN comprend notamment un contrôle général des recherches administratives, économiques et financières (ancêtre des Renseignements généraux avec ses 4 sections chargées, entre autres choses, de la surveillance des mouvements sociaux, des étrangers ou de la propagande anti-coloniale) ; un contrôle général des recherches judiciaires (ancêtre de la direction centrale de la police judiciaire) chapeautant 16 brigades régionales de police mobile ; un service chargé du suivi des personnels de la police d'Etat dans les villes de Lyon, Marseille, Toulon, La Seyne, Nice, Strasbourg, Mulhouse et Metz. 

 

IL Y A ... 80 ANS : La préfecture de police se soulève contre l'occupant allemand

Le samedi 19 août 1944, la préfecture de police prend les armes contre les troupes allemandes stationnées à Paris. Vers 8 heures ce jour-là, plus de 2500 policiers et autres résistants se retranchent dans la caserne de la Cité et, au fusil, au pistolet, à la grenade et à la mitrailleuse, engagent le combat contre les forces d'occupation. L'insurrection s'étend rapidement au quai des Orfèvres voisin et aux bâtiments alentour du palais de Justice. Elle tiendra plusieurs jours, jusqu'au 25 août et à l'entrée dans la capitale des blindés libérateurs du général Leclerc. 

Quelques mois plus tard, en octobre 1944, le général de Gaulle attribue à la préfecture de police la Légion d'Honneur (comme le rappelle la fourragère rouge portée par les agents d'aujourd'hui) et la Croix de Guerre pour avoir "donné à toute la Nation un bel exemple de patriotisme et de solidarité".


IL Y A ... 60 ANS : Naissance de la B.R.I., la brigade antigang

En septembre 1964, le directeur de la police judiciaire parisienne Max Fernet crée une "Section de recherche et d'intervention" (SRI) dont il confie le commandement au commissaire François Le Mouël, qui est à l'origine de cette initiative prise devant l'impuissance des services traditionnels d'enquête à juguler la montée du grand banditisme. 

D'abord rattachée à la brigade de voie publique du quai des Orfèvres, cette unité d'élite chargée de surveiller les braqueurs et autres malfaiteurs professionnels avant de les arrêter en flagrant délit,  devient autonome en 1966 et prend alors l'intitulé de "brigade de recherche et d'intervention" ou BRI. Elle est bientôt connue du grand public sous le nom de brigade antigang. Sa première opération a lieu à l'automne 1964 dans un bar du 10ème arrondissement (à l'enseigne L'Imprévu) et se solde par la capture d'une demi-douzaine de gangsters et la saisie d'un important stock d'armes.

 


IL Y A ... 50 ANS : Le concours de commissaire de police est ouvert aux femmes

En 1974, le concours de commissaire de police est ouvert pour la première fois aux femmes. Quatre d'entre elles seront reçues l'année suivante et gagneront dès lors l'école de Saint-Cyr-au-mont-d'Or, près de Lyon. Elles se prénomment Christine, Elisabeth, Hélène et Simone. 

A vous de les trouver toutes les quatre sur cette photographie (encore très masculine) représentant la 27ème promotion des commissaires, promotion René Joubert (1975-1977).

 Cherchez plutôt en bas au 2ème rang et au centre...

 

 

 

IL Y A ... 40 ANS : Création de l'UCLAT, l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste

Par un arrêté en date du 8 octobre 1984 signé du ministre de l'Intérieur Pierre Joxe, et alors que le pays est régulièrement touché depuis plusieurs années par de sanglants attentats, une unité de coordination de la lutte anti-terroriste est instituée au sein du cabinet du directeur général de la police nationale. L'inspecteur général François Le Mouël, créateur de l'antigang en 1964, tombeur de la French Connection et ancien directeur de la police judiciaire parisienne, en prend la direction. En savoir plus sur cette création

 

 

IL Y A ... 35 ANS : Naissance de l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure

Dans le prolongement de la circulaire du 20 avril 1988 du Premier ministre Michel Rocard affirmant et finançant la modernisation de la gestion des ressources humaines dans l'administration, le ministre de l'Intérieur Pierre Joxe propose la création d'un Institut des hautes études de sécurité en juin 1988. Cet "outil permanent de recherche et de prospective", "élément fondamental de la formation professionnelle des policiers et de l'ouverture" se met en place l'année suivante, en 1989, sous le nom définitif d'Institut des hautes études de la sécurité intérieure. Placé, dès mai 1989, sous la direction de l'inspecteur général de l'administration  Jean-Marc Erbès, il s'installe par la suite dans des locaux du 15ème arrondissement parisien, rue Péclet.

Les 2 et 3 novembre 1989, le colloque inaugural de l'IHESI (photo ci-contre extraite de la revue Civic n° 1) consacré aux "défi et enjeux de la sécurité intérieure" se tient à La Villette et réunit des élus, magistrats, responsables de la police et de la gendarmerie, universitaires, industriels, juristes et travailleurs sociaux. Un décret n° 91-903 du 10 septembre 1991 porte organisation de l'IHESI, institut placé sous l'autorité du ministre de l'Intérieur et chargé "de réunir des responsables de haut niveau appartenant à la fonction publique et aux autres secteurs d'activité de la nation, en vue d'approfondir leurs connaissances en matière de sécurité intérieure par l'étude en commun des problèmes qui se posent dans ce domaine".

Par décret du 27 juillet 2004, l'IHESI deviendra l'INHES, l'institut national des hautes études de sécurité intérieure, qui donnera naissance en octobre 2009 à l'INHESJ, l'institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du Premier ministre et installé à l'Ecole militaire à Paris.


SANS OUBLIER ...

 

IL Y A ... 770 ANS : En 1254, le roi Saint-Louis réforme le guet de Paris et crée la fonction de chevalier du guet. Formé par un guet bourgeois et un guet soldé (une douzaine de sergents à cheval et une vingtaine de sergents à pied), le guet royal est placé sous l'autorité du chevalier du guet (miles guetti). Sa devise est : "Il veille afin que les habitants se reposent" (Vigilat ut quiescant). 

C'est aussi sous le règne de Louis IX que sont prises les premières ordonnances de police qui, idéal chrétien oblige, interdisent le blasphème, les jeux de dés et réglementent sévèrement la prostitution et le port d'armes. 




IL Y A ... 220 ANS : Le 10 juillet 1804, le ministère de la Police supprimé depuis le Consulat à vie est rétabli par Bonaparte. Jusque là disgracié, Joseph Fouché (portrait ci-contre) redevient ministre de la Police et se réinstalle au siège de son ministère quai Voltaire. Pendant les six années suivantes, il met en application deux de ses maximes  préférées : "Les factions ne se montrent que là où il y a de l'hésitation et de l'impunité". "J'ai la manie de vouloir être le maître quand je gouverne." Sa police a des attributions si étendues qu'elle fera dire à Talleyrand : "Le ministre de la Police est un homme qui se mêle de ce qui le regarde et ensuite de ce qui ne le regarde pas.

 

IL Y A ... 210 ANS : Par un décret des 16-21 mai 1814, la Restauration crée une direction générale de la Police du Royaume (confiée au Comte Beugnot) tout en supprimant le ministère de la Police et la préfecture de police à Paris. Dès les Cent-Jours et le retour de Napoléon Ier, ces institutions réapparaissent et seront maintenues par la suite.

 

IL Y A ... 170 ANS : Le 17 septembre 1854 est adopté le système des îlotiers dans Paris où l'effectif des sergents de ville est notablement augmenté.

 

IL Y A ... 150 ANS : Entre février 1874 et février 1876, la Sûreté publique est à nouveau confiée à la préfecture de police parisienne qui traite ainsi des questions de police sur l'ensemble du territoire national.

 

 

IL Y A ... 140 ANS : La loi du 5 avril 1884 sur l'organisation municipale et ses 167 articles posent pour longtemps le principe des polices municipales. Les pouvoirs de police des maires sont affirmés (hors Paris et Lyon). Les municipalités paient leur police municipale (à l'exemple de Louviers - carte postale ci-contre)  placée sous l'autorité d'un commissaire de police recruté et affecté par la direction de la sûreté générale au ministère de l'Intérieur. 




IL Y A ... 120 ANS : En 1904, le képi remplace le bicorne dans l'uniforme des gendarmes.

 

IL Y A ... 100 ANS : En 1924, l'Association générale professionnelle du personnel de la police (AGP) modifie ses structures et statuts pour se transformer en syndicat général du personnel de la préfecture de police (SGPP). C'est l'acte de naissance du syndicalisme policier.

 

IL Y A ... 60 ANS : Création en 1964, au sein de la direction des Renseignements Généraux d'un office central de sondages et de statistiques chargé notamment d'éclairer le Gouvernement sur l'opinion publique à l'approche d'élections ou en réaction à des évènements politiques, économiques ou sociaux.

 

IL Y A ... 50 ANS : Création du GIGN

Le 16 avril 1974 est créé le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale. Deux ans après la meurtrière prise d'otages aux Jeux Olympiques de Munich qui a révélé les faiblesses des pays modernes en matière d'interventions à hauts risques, cette unité d'élite - composée de militaires spécialement formés et entraînés -  est appelée à se projeter et à opérer sur nombre de situations extrêmement délicates et périlleuses, comme les détournements d'aéronefs, les prises d'otages, les forcenés armés. A ses débuts, elle dispose de deux éléments opérationnels stationnés à Mont-de-Marsan et à Maisons-Alfort.

 

 

 

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