A partir de là, le Quartier latin vire à l'émeute. Violences, exactions et arrestations se prolongent dans la soirée et la nuit. Mai 68 vient de commencer.

Pendant plusieurs semaines, jusqu'à la mi-juin 1968 et la reconquête de la Sorbonne et du Théâtre de l'Odéon devenus de véritables bastions étudiants , les forces d'intervention de la préfecture de police soutenues par des escadrons de gendarmerie mobile et par des compagnies républicaines de sécurité en grand nombre, vont s'efforcer de maintenir l'ordre dans la capitale qui, climat insurrectionnel oblige, se couvre certaines nuits de barricades et, certains jours, d'immenses défilés.

Dans un contexte où la "brutalité de la répression policière" sert de liant entre les manifestants étudiants, lycéens et ceux des grandes centrales syndicales rejoignant un temps le mouvement, le préfet de police Maurice Grimaud, entouré par son directeur de cabinet Jean Paolini, par le directeur de la police municipale André Friederich, par le directeur des renseignements généraux Lucien Loupias et par celui de la police judiciaire, Max Fernet, fait tout pour éviter que ces désordres ne débouchent sur un drame. "Ne jamais franchir la ligne rouge" est son leitmotiv. Sa circulaire de mai aux personnels de police en ce sens est restée célèbre.

Un étudiant de 26 ans, Philippe Mathérion, trouvera cependant la mort à Paris dans la nuit du 24 au 25 mai, vraisemblablement blessé par un éclat de grenade. Plusieurs policiers et gendarmes vont être grièvement touchés. A Paris, du côté des forces de l'ordre, le recensement final fait état de 1912 blessés dont 1138 agents parisiens, 338 policiers des CRS et 436 gendarmes mobiles. C'est au cours de la 2e nuit des barricades, celle du 24 au 25 mai, qu'on dénombre le plus de victimes : 389 policiers et gendarmes. A Lyon, au même moment, le commissaire René Lacroix, 52 ans, est fauché par un camion alors qu'il participe à u service d'ordre près du pont Lafayette. 

Bibliographie pour en savoir plus

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IL Y A ... 70 ANS :  En 1948, un texte assimile les assistantes de police aux inspecteurs de police. Il s'agit là, pour la première fois, d'une véritable reconnaissance de leur travail de police active. C'est par un arrêté du 8 avril 1935 que le préfet de police Roger Langeron - s'appuyant sur un avis favorable donné sur la création de tels emplois par l'un de ses prédécesseurs, le préfet Jean Chiappe, en 1932 - procède au recrutement de deux assistantes de police (voir photographie ci-contre) chargées de la protection des mères et des enfants sur la voie publique ainsi que des mineurs en danger moral.

Ces fonctionnaires féminines accomplissent des tâches de police et non pas du travail d'administration ou de secrétariat tel celui confié aux dames dactylographes recrutées par la préfecture de police parisienne dès avant 1914. Dans le prolongement de cette reconnaissance de 1948, une section autonome placée sous le commandement d'une "assistante de police principale chef" et regroupant une vingtaine d'assistantes de police est constituée au sein de la brigade des mineurs de la direction de la police judiciaire de Paris.

Il faudra toutefois attendre les années 1970 pour que les femmes puissent enfin librement accéder aux mêmes emplois de policiers (gardiens, enquêteurs et inspecteurs, officiers de paix, commissaires) que leurs collègues masculins.





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IL Y A ... 75 ANS : La loi du 27 novembre 1943 institue "un service de police technique relevant de la direction générale de la police nationale [créée par Vichy le 23 avril 1941] chargé de rechercher et d'utiliser les méthodes scientifiques propres à l'identification des délinquants".

Ce service comporte des services régionaux et locaux d'identité judiciaire, quatre laboratoires de police scientifique implantés à Lyon, Marseille, Toulouse et Lille, ainsi qu'un organisme central, le "service central photographique et d'identité de la Police Nationale".

 Cette loi de 1943 sur laquelle s'appuieront les pouvoirs publics pour la création en 1985 d'une sous-direction de la police technique et scientifique au sein de la direction centrale de la police judiciaire (police nationale) ne sera abrogée qu'en novembre 2001 avec la promulgation de la loi sur la sécurité quotidienne qui crée un institut national de police scientifique. (Voir la rubrique Police Technique et Scientifique)

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IL Y A ... 90 ANS : Naissance de Police Secours.

A l'initiative du préfet de police Jean Chiappe, à partir d'avril 1928 chaque commissariat de quartier de Paris est équipé d'une voiture d'intervention "Police Secours" répondant aux demandes d'urgence de la population déclenchées par téléphone ou grâce aux nouvelles bornes d'appel installées sur la voie publique, distantes les unes des autres de 400 mètres afin de pouvoir rapidement demander de l'aide aux forces de sécurité.

Ces mesures s'ajoutent à d'autres nouveautés voulues par le préfet Chiappe pour améliorer les conditions de vie dans la capitale, telle la mise en place des 165 premiers sens uniques de circulation ou encore de feux tricolores pour éviter les embouteillages constants aux carrefours.


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IL Y A ... 90 ANS AUSSI : Le 18 décembre 1928, la France ouvre à Paris, au sein du Contrôle général des services de recherches judiciaires (ancêtre de la direction centrale de la police judiciaire actuelle) son Bureau Central National (BCN-France), indispensable service de liaison avec la Commission Internationale de Police Criminelle (CIPC), première mouture de l'Organisation internationale de police criminelle, OIPC-Interpol, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Créée le 7 septembre 1923 à l'occasion d'un congrès international réunissant à Vienne (Autriche) 138 délégués représentant 17 pays, la CIPC se dote alors de statuts qui posent comme principe fondamental que seuls les criminels de droit commun peuvent être recherchés via l'organisation. Tous les échanges entre le siège de la CIPC (situé au départ dans la capitale autrichienne) et les pays membres se font par l'intermédiaire du BCN propre à chaque État. La Belgique a montré la voie sur ce point dès 1925.




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IL Y A ... 100 ANS

Alors que, avec sa cohorte de victimes et de souffrances, la Première guerre mondiale s'éternise en dépit de l'arrivée sur le sol français des premières troupes américaines après l'entrée dans le conflit des USA l'année précédente aux côtés de la Triple Entente, Georges Clemenceau est devenu depuis le 16 novembre 1917 président du Conseil et ministre de la Guerre (lui, si souvent féroce, avait dit lors de l'affaire Schnaebelé en 1887 "La Guerre! c'est une chose trop grave pour la confier à des militaires!").

Par un décret du 12 février 1918, il est institué auprès de Clemenceau, futur "Père la Victoire", un "Commissariat général à la Sûreté nationale", service unique regroupant les divers services de renseignements, contre-espionnage et sûreté relevant jusque là des ministères de la Guerre, de la Marine, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de l'Armement et des Fabrications de guerre.

Ce véritable "bloc" du renseignement est destiné à mieux coordonner les informations recueillies et à mieux assurer leur confidentialité. Il disparaîtra une fois la paix revenue.

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IL Y A ... 110 ANS : Une police d’État à Marseille

A partir d'un projet préparé par le directeur de la sûreté générale Célestin Hennion, le président du Conseil et ministre de l'Intérieur Clemenceau fait adopter par le Parlement une loi du 8 mars 1908 qui étend le régime de la police d’État à la ville de Marseille, jusque là placée comme toutes les grandes agglomérations du pays (à l'exception toutefois de Paris et de Lyon) sous le régime de police municipale généralisé par la loi du 5 avril 1884.

Après Marseille (voir sa brigade cycliste sur la photographie ci-contre), c'est au tour de villes telles que Toulon et La Seyne (par une loi de novembre 1918), Nice (par une loi de juin 1920), Strasbourg, Metz et Mulhouse (par un décret de mars 1925) d'être également dotées d'une police d’État.

Il faut attendre la loi vichyste du 23 avril 1941 portant organisation générale des services de police en France pour que la police d’État  devienne le principe dans toutes les villes de 10 000 habitants et plus.



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IL Y A ... 110 ANS AUSSI :

Le 4 avril 1908, deux circulaires, l'une du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Aristide Briand, l'autre du Président du Conseil et ministre de l'Intérieur Georges Clemenceau définissent précisément les missions et le statut des 12 nouvelles brigades régionales de police mobile, les fameuses "brigades du Tigre" créées quelques mois plus tôt et placées sous l'autorité du contrôleur général Jules Sébille.

Ces textes rappellent que les brigades en question "ont une mission exclusivement judiciaires", qu'elles sont à la disposition des magistrats du Parquet pour accomplir leurs réquisitions et des juges d'instruction qui les saisissent par commissions rogatoires.  Ils ajoutent que "les enquêtes à caractère administratif et surtout politique leur sont rigoureusement interdites".



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IL Y A ... 130 ANS : La Sûreté parisienne s'installe au 36 quai des Orfèvres

Par un courrier daté du 19 avril 1888, le commissaire Marie-François Goron, chef du service de sûreté (l'ancêtre de la direction de la PJ d'aujourd'hui) annonce au chef du personnel de la police municipale de Paris que son service précédemment logé au 7-9 quai de l'Horloge a désormais pour adresse officielle le : 36 quai des Orfèvres.

Longtemps abrité dans des bureaux de la préfecture de police situés rue de Jérusalem (une voie de nos jours disparue, placée à l'époque entre la rue de Harlay et le quai des Orfèvres), la Sûreté voit ses locaux et ses dossiers brûlés par les insurgés de la Commune de Paris en mai 1871. Elle est ensuite hébergée à titre provisoire quai de l'Horloge en attendant la fin des travaux de construction et d'aménagement du nouvel immeuble bâti au 36 quai des Orfèvres, à proximité du Dépôt, du Parquet et des cabinets des juges d'instruction. Le service de sûreté, puis la PJ resteront sur place plus d'un siècle, jusqu'au déménagement à l'automne 2017  vers une nouvelle adresse, 36 rue du Bastion à Paris 17e.


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IL Y A ... 130 ANS AUSSI : Création d'un service anthropométrique

En février 1888, le "bureau d'identité" mis en place quelques années auparavant par Alphonse Bertillon (voir photo ci-contre) à la préfecture de police de Paris pour identifier les récidivistes est élevé au rang de "service d'identification anthropométrique" et rattaché au service de sûreté.

L'anthropométrie judiciaire ou "bertillonnage" permet grâce au relevé précis de 11 mesures osseuses de pouvoir identifier un récidiviste déjà signalisé par cette méthode qui s'est répandue à travers le monde avant de laisser un jour la place aux empreintes digitales. En attendant, l'anthropométrie va connaître son heure de gloire avec l'identification en 1892 de l'anarchiste Ravachol, de son vrai nom Claudius-François Koenigstein, né en 1849 dans la Loire et avant de jouer au dynamiteur en région parisienne déjà connu de la police de province pour contrebande d'alcool et fabrication de fausse monnaie.

Par un décret présidentiel du 11 août 1893, le service que dirige Bertillon et qui n'a cessé de s'étoffer (36 employés et policiers désormais répartis sur 1710m2 de bureaux et de combles) devient le "service de l'identité judiciaire de Paris", une appellation qu'il conservera depuis lors.

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IL Y A ... 310 ANS : Création des inspecteurs de police

Créés par un édit royal de 1708, quarante inspecteurs (leur nombre sera par la suite réduit à vingt) sont distribués dans les différents quartiers de Paris par le lieutenant général de police pour faire, sous l'autorité des commissaires, "l'inspection sur le nettoyage des rues, les lanternes, lumières publiques, périls imminents et sur tout ce qui concerne l'observation des règlements de police". Ils donnent au commissaire dont ils dépendent avis de tous les abus qu'ils découvriraient et assistent les commissaires quand ils sont requis par eux.

Les inspecteurs se voient accorder le 15 mars 1712 le titre de conseillers du Roi. Ils achètent leurs charges et font bourse commune pour leurs honoraires. Leur compagnie a 20 000 livres de gages, 40 sols par mois sur chaque hôtel ou maison garnie à porte cochère, 1 livre sur ceux à petite porte et sur les auberges soumis à leur surveillance. Le lieutenant général de police répartit chaque année entre eux 4 000 livres de gratifications.

Louis XVI en 1778 exigera des candidats aux charges d'inspecteurs qu'ils justifient de 8 ans de services dans l'armée, dont au moins 2 comme officiers.

Le corps des inspecteurs de police disparaîtra en 1995 avec la réforme des corps et carrières qui les rassemblent avec les officiers de paix dans le nouveau corps des officiers de police (corps de commandement et d'encadrement).



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